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2e du box-office fribourgeois: Les raisons du succès de Vice-Versa 2

En juin, le film d’animation de Pixar s’immisce entre un duo déjà dominateur en mai dans les cinémas fribourgeois. Succès mérité, assurent le réalisateur fribourgeois Samuel Guillaume et une chercheuse en psychologie.

Vice-Versa 2 a réussi sa sortie dans les salles du canton de Fribourg. © Pixar
Vice-Versa 2 a réussi sa sortie dans les salles du canton de Fribourg. © Pixar

Geoffroy Brändlin

Publié le 10.07.2024

Déjà présents en mai dans le top 3 du box-office fribourgeois, Un p’tit truc en plus et Blue & Compagnie ne cessent de surprendre. Si le premier, réalisé par l’humoriste français Artus, reste en tête du classement en juin avec 11 797 entrées, le film coproduit par la Paramount (2196 entrées) est devancé sur le podium par un autre long-métrage d’animation: le très attendu Vice-Versa 2 (4905 entrées), sorti le 19 juin.

En produisant une suite de l’un de leurs grands succès, Disney et Pixar ne prenaient que peu de risques sur le plan économique. Au niveau critique, c’était en revanche une tout autre affaire. Mais le défi a été finalement réussi. Les spécialistes de cinéma se sont montrés plutôt enthousiastes à sa sortie.

Un rendu réussi, sans grande prise de risque

«Ce succès est mérité», abonde le réputé réalisateur de films d’animation fribourgeois Samuel Guillaume. «La qualité de l’animation est vraiment au rendez-vous. C’est la grande force de Disney et Pixar. Sur des films comme ceux-ci, 700 à 1000 personnes figurent au générique. En comparaison, une centaine de personnes travaille sur notre prochain long-métrage L’hiver de Lou. Leur force commerciale se remarque à l’écran. Nous pouvons constater qu’aucune économie n’a été réalisée sur le nombre de personnages. Sûrement parce que la production pouvait compter sur une base d’audience élevée grâce au premier volet.»

S’il se déclare emballé par la créativité de l’équipe, Samuel Guillaume pointe toutefois un manque de prise de risque. «J’ai trouvé les nouveaux personnages assez banals. Le secondaire «Banana-outils» m’a davantage marqué. En plus d’être très drôle, beaucoup plus poétique et décalé, il fait référence au type d’animation 2D que Disney faisait à ses débuts.»

La psyché à la loupe

Autre potentiel facteur de réussite: la cohérence dans la mise en scène des émotions. Cette dernière ne tient pas du hasard. En amont du film, la production a notamment fait appel à deux sommités: les chercheurs en psychologie Paul Ekman et Dacher Keltner. «Vice-Versa reflète bien la réalité», confirme la chercheuse et enseignante de l’Université de Fribourg Anne-Raphaëlle Richoz. Il y a quelques années, elle a effectué son doctorat sur les émotions, la reconnaissance des expressions émotionnelles ainsi que sur le développement du système affectif.

Selon elle, la production a bien fait d’ajouter des émotions entre l’enfance et l’adolescence. «Les enfants ont des émotions plus simples et directes. En grandissant, elles deviennent plus complexes, nuancées et intenses. A la puberté, l’anxiété, l’embarras, l’ennui et l’envie prennent beaucoup de place. Ils sont notamment le résultat de la pression scolaire, de la peur d’être rejeté par un groupe social, de la prise de conscience des normes sociales et du besoin de se définir.»

Mais limiter les émotions au nombre de dix ne serait-ce pas caricaturer la réalité? «Je trouve au contraire que Vice-Versa montre bien la complexité émotionnelle et explique très justement qu’un équilibre entre les émotions est nécessaire pour notre bien-être. Mais, bien sûr, la production aurait pu en ajouter. En 2017, Keltner et Cowen ont dénombré 27 émotions au total». Dans ce panel, la chercheuse aurait par exemple aimé voir la douleur, physique et émotionnelle.

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